J'ai rapidement su ce que je voulais faire de ma vie. Très petite, j'écrivais énormément. Dans des journaux intimes, des histoires totalement inventées, des articles pour le journal du collège puis du lycée. Trouver ma voie professionnelle a été cela dit beaucoup plus compliquée. Si j'avais le choix, je serai écrivain. Je ne ferais qu'écrire, raconter des choses, expliquer des maux, délivrer des messages, frôler l'érotisme peut-être même.  J'ai redoublé ma troisième parce qu'aucun travail personnel. Suis passée de justesse en 1ère Littéraire parce que LA SEULE élève de ma classe à y aller alors personne à qui me comparer - ( 14 au 1er trimestre, 13 au second, et 9 au dernier, pas de soucis). En 1ère Littéraire, j'étais l'intello de base. J'écoutais, était vite captivée, très attentive, mais mes notes étaient faibles en Histoire/Géo et matières scientifiques. Suis partie à Venise avec les trois autres classes littéraires et j'ai gagné comme un concours de texte relatant du séjour là bas. Mon professeur de français me jugeait fragile, instable, trop dans la lune, elle me disait que même si j'avais "la fibre littéraire", mes notes ne suffiront pas pour me faire avoir assez de points d'avance au Bac, avoir le Bac lui même. J'ai eu 18 au Bac de français écrit et 17 à l'oral, meilleures notes de toutes les classes du lycée. J'ai troqué mon professeur de français contre une professeure de littérature. Les notes ne suivaient pas non plus. Pourtant j'ai eu mon BAC avec mention AB avec 13,89/20. Je reste un mystère pour mes professeurs. Ils étaient surpris de voir mes notes. Quand j'ai demandé à récupérer ma copie du Bac écrit de français, j'ai été touchée par les appréciations du professeur correcteur. Il a dit "J'ai noté votre nom sur un papier, j'attends de vos nouvelles d'ici quelques années". Maman était fière, papa aussi. J'ai choisi de faire un BTS Edition par hasard, parce que je trouvais l'intitulé chouette et que je pensais que ça avait de l'avenir. J'ai décroché ce BTS toujours à la grande surprise du corps enseignants. Aujourd'hui, il ne me sert plus à grand chose, les quelques stages que j'ai pu faire m'ont montré que j'étais pas le genre de poisson qui savait évoluer dans une grande boite de communication ou de publicité. Cet été j'ai travaillé au journal local de ma petite ville natale, ai fait quelques articles, rien de glorieux. J'ai été serveuse, cliente mystère, ai bossé dans une usine à la chaine, fait la plonge dans des restaurants, ai été à la réception d'un hotel. Le constat est là, aujourd'hui je suis pionne, mon salaire est ridicule, ma situation précaire, et j'ai des envies de beaucoup mieux. Sur cette photographie datant de 2010, c'est moi.